Ce sont des citoyens burkinabè, membres du Club des jeunes pour la promotion de la Coopération sino-burkinabè (CJPC-BF) qui avouent être tenaillés de questionnements, qui ont ainsi, et par devoir de redevabilité, décidé de partager les leçons acquises de ce séjour dans cet Etat-continent. Visiblement « armés » d’une hargne de changement pour le développement réel de leur pays, le Burkina Faso, ces jeunes leaders ont animé une conférence de presse en fin de matinée du lundi, 16 septembre 2024 à Ouagadougou sur le sujet.

Ce « séminaire international de formation sur l’expérience de gouvernance chinoise pour le Burkina » qui, s’est déroulé du 27 août au 9 septembre 2024 en Chine, a enregistré la participation de 23 jeunes leaders burkinabè de six associations, campent les conférenciers. Cette immersion se tenait également en marge du IXe sommet du Forum de la coopération Chine-Afrique (4-6 septembre).

Les animateurs de la conférence ont expliqué que le séminaire, organisé par le Centre de formation internationale de Hong Kong et de Macao de l’ Académie nationale d’administration de Chine, s’est déroulé dans trois villes, à savoir Beijing (à l’académie nationale de gouvernance chinoise), Jingdezhen et Guangzhou.
En agenda avec ces jeunes leaders, onze conférences, une projection-vidéo sur l’expérience de lutte contre la pauvreté, deux expériences culturelles et neuf visites de sites touristiques en lien avec le thème du séminaire.
« Introduction à la situation nationale de la Chine (condition de base) suivie d’une projection-vidéo sur la lutte contre la pauvreté en Chine ; le respect et l’amélioration du système des congrès populaires ; promouvoir le développement vert et promouvoir la coexistence harmonieuse de l’homme et de la nature ; Innovation en matière de gouvernance (cas de réforme numérique dans la province du Zhejiang) ; Construire une communauté de destin Chine-Afrique ; Développer la démocratie populaire tout au long du processus ; promouvoir la construction d’un gouvernement propre et honnête et la lutte contre la corruption ; rencontre historique et lutte communes de la nation chinoise moderne ; la question de Taïwan et la réunification de la Chine ; promouvoir la modernisation du système national de gouvernance et de capacité de gouvernance ; Environnement sécuritaire autour du Xinjiang » ont été les thèmes autour desquels ont porté les communications, un volet du séjour auquel ce sont ajoutées les expériences culturelles, notamment « La grande muraille de Juyongguan » et la « Cité interdite ».

Ici, au praësidium de la conférence, et de droite à gauche : Yakouba Ouédraogo, Hadiss Compaoré, Boukary Zoungrana, Abdoul Razahagou Déné, Idrissa Ramdé, Assamadou Guiré.

« Le modèle chinois, le plus accompli… capitaine Traoré sur le bon chemin »

« Ces différentes conférences, expériences culturelles et visites nous ont permis de renforcer nos capacités sur la gouvernance chinoise et de comprendre davantage le secret ou le miracle de la modernisation chinoise. Par défaut de communication de la part de la Chine, les médias, généralement ceux des pays occidentaux, déversent des informations mensongères sur la République populaire de Chine. Ce séminaire nous a confortés dans notre conviction : le développement aussi miraculeux de la Chine est dû à son modèle de gouvernance qui est en phase avec son histoire, sa culture, ses aspirations et les besoins de son peuple. Et, ce modèle pour nous, CJPC-BF, est le meilleur qui existe en ce moment où l’on constate une crise au sein du modèle occidental non seulement au sein des pays dépositaires (France et USA), mais aussi au sein de nombreux pays africains qui en ont fait une copie (les crises électorales et les coups d’État). La gouvernance doit être une solution aux problèmes des peuples et non un fardeau pour ces derniers. Les gouvernants doivent être choisis sur la base de leur parcours, leurs compétences, leur probité et leurs capacités à résoudre les problèmes des peuples et à porter leurs aspirations. De ce qui nous a été donné de voir et de constater, sans qu’on nous le démontre, nous pouvons, sans aucun doute, affirmer que le modèle démocratique à la chinoise est le plus utile et le plus accompli. Cela nous donne de bons espoirs quant au devenir de notre nation, en ce sens que nos autorités actuelles ont emprunté ce chemin : celui de ne défendre que les intérêts du peuple. A l’image du peuple chinois qui a confiance et croit à son leader et président, Xi Jinping, nous, jeunes burkinabè, croyons et avons confiance à nos autorités actuelles qui, sous le leadership du camarade et président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, nous conduisent vers la souveraineté et le développement », tirent-ils de cette expédition.L’organe dirigeant du CJPC-BF retient également cet aspect capital que la Chine n’impose pas sa civilisation aux autres, elle la promeut simplement. « Et une civilisation qui se promeut sera toujours au-dessus des autres », convainc-t-il. Pour la délégation du CJPC-BF, une des leçons également à retenir, c’est la différence de système politique qui réside entre la Chine et le Burkina. Elle estime, en clair, qu’il faut rompre d’avec le système politique burkinabè hérité de celui occidental, qui favorise, entre autres, des phénomènes comme la corruption. Il faut donc le désarticuler pour asseoir un système politique qui tient compte des valeurs culturelles et réalités nationales, proposent les conférenciers.

Les membres du CJPC-BF, en pagne « kokodunda » et chapeau de Saponé, posant lors du séjour.

Un modèle de développement basé sur les particularités locales

Abdoul Razahagou Déné, coordonnateur national du CJPC-BF, chef de la délégation burkinabè, et ses camarades retiennent au sortir de ce séminaire international, que la Chine s’est aussi appuyée sur les potentialités et la plus-value de chaque province, … chaque village, pour booster le développement (pas une démarche imposée du haut par le parti communiste).
Outre la rigueur dans le travail, l’intégrité et le sens de l’intérêt général qui, entre autres, caractérisent le peuple chinois, les jeunes leaders participants du CJPC-BF saluent son ingéniosité qui a permis de faire des sites touristes, de véritables pôles économiques.

Forts de ce constat, les animateurs de la conférence croient fermement que dans leur pays aussi, le Burkina Faso, les univers comme le Musée national, le barrage de Tanghin, le parc urbain Bangr-wéogo… peuvent être des filons pour le tourisme de bien-être et l’économie nationale. « Donnez par exemple le barrage de Tanghin aux Chinois, en une année, on ne va plus le reconnaître ; ils vont non seulement créer de l’économie autour, mais également en faire un lieu attractif où il fait bon vivre », met en parallèle le responsable aux affaires socio-culturelles et sportives du CJPC-BF, Boukary Zoungrana.

Ce dernier avoue être « révolté », depuis qu’il a mis les pieds en Chine, à telle enseigne qu’il s’interroge sur ce qu’ont, jusque-là, pu ramener les précédents dirigeants des nombreuses visites effectuées dans des pays développés comme la Chine.
M. Zoungrana exprime, tout autant que ses camarades, sa hargne à voir une dynamique réelle de développement dans la société et à y contribuer dans les possibilités que lui offre sa position socio-professionnelle.

C’est dans cet esprit également que la délégation du CJPC-BF regrette que malgré les potentialités naturelles et humaines dont il dispose, le Burkina Faso, 60 ans après son indépendance, ne s’en sorte pas comme la Chine, un pays qui avait quasiment les mêmes caractéristiques de pauvreté. « Là-bas, les gens travaillent et se tuent pour l’intérêt général. C’est dommage qu’ici, personne ne veut se sacrifier pour l’autre, c’est cela aussi l’un de nos problèmes. L’intégrité a disparu. Pis, les jeunes sont plus corrompus que les vieux. Même pour suivre une formation pour leurs propres connaissances, les jeunes demandent des perdiems pour participer », titillent les conférenciers, se félicitant donc de l’option désormais prise par le Burkina sous la houlette du capitaine Ibrahim Traoré.

Pour mieux disséminer et partager les leçons apprises de ce séjour chinois, notamment avec la jeunesse burkinabè, la délégation du CJPC-BF prévoit un séminaire de restitution en fin septembre 2024 et plusieurs autres actions concrètes sur le terrain. Convaincus qu’elle a un impact positif en terme d’éveil des consciences, les conférenciers plaident auprès de l’ambassade de Chine au Burkina et de l’Académie nationale de gouvernance chinoise, pour l’élargissement d’un tel séminaire à de nombreux autres Burkinabè.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net