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Burkina Faso-Côte d’Ivoire : Rencontre entre les ministres de la Défense à Niangoloko

Conformément à l’annonce faite il y a deux jours, les autorités du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire se sont rencontrées ce vendredi 19 avril 2024 à Niangoloko, rapporte l’Agence d’information du Burkina (AIB).

Ce sont les ministres de la Défense des deux pays, le général Kassoum Coulibaly et son homologue ivoirien Tèné Biraîma Ouattara, qui ont eu ce tête-à-tête à la frontière entre les deux pays.

Pour le moment, rien n’a filtré de cette rencontre inédite. Le profil des deux ministres porte à croire qu’ils ont parlé de la question sécuritaire.

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Burkina-France : Trois diplomates français déclarés « persona non grata »

Les relations entre le Burkina Faso et la France se sont considérablement dégradées, depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré.

Après l’expulsion de deux français soupçonnés par les autorités d’être des espions en décembre 2022, le rappel de l’ambassadeur de France au Burkina, Luc Hallade, puis le retrait des forces françaises en février 2023, trois diplomates français, dont deux conseillers politiques à l’ambassade de France à Ouagadougou, ont été déclarés persona non grata « pour activités subversives ».

Les concernés, Gwenaïelle Habouzit, Guillaume Reisacher et Hervé Fournier, sont sommés de quitter le pays dans les 48h qui suivent, et ce, à compter du jeudi 16 avril 2024.

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Expulsion des diplomates français : « La décision des autorités burkinabè ne repose sur aucun fondement légitime » selon le ministère des affaires étrangères français

A travers une correspondance adressée à l’Ambassade de France ce mercredi 16 avril 2024, le ministère des affaires étrangères, de la coopération régionale et des burkinabè de l’extérieur du Burkina a souhaité que les ambassadeurs français dont les noms suivent, quittent le pays sous 48h : Gwenaïelle Habouzit, Guillaume Reisacher et Hervé Fournier.

Paris de son côté juge cette décision des autorités burkinabè infondée, soutenant que le travail de ces derniers ainsi que de tous ceux affectés à l’ambassade de France à Ouagadougou, s’inscrit pleinement dans le cadre des Conventions de Viennes sur les relations diplomatiques et consulaires. « La décision des autorités burkinabè ne repose sur aucun fondement légitime. Nous ne pouvons que la déplorer », a déclaré le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine.

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Source : L’Orient Le Jour

Burkina -Cote d’Ivoire : Des autorités militaires de la Côte d’Ivoire souhaitent rencontrer leurs homologues du Burkina

Des autorités militaires du Burkina Faso ont accepté la demande de rencontre formulée par leurs homologues de la République de Côte d’Ivoire.

Selon les sources de l’AIB, la rencontre aura lieu dans les prochains jours.

Mais tout porte à croire que la question de la sécurisation de la frontière commune aux deux pays face aux menaces terroristes et les différends enregistrés ces derniers mois, seront à l’ordre du jour.

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Source : Agence d’information du Burkina

Alliance des Etats du Sahel : Le Niger va livrer du gasoil au Mali pour améliorer la fourniture d’électricité

Le chef du régime malien, le colonel Assimi Goïta, a reçu le mardi 16 avril 2024 le ministre du pétrole nigérien Mahaman Moustapha Barke, afin de finaliser « un accord de partenariat visant la vente de 150 millions de litres de gasoil au Mali », a indiqué la présidence malienne dans un communiqué.

« Ces carburants seront destinés à la société Energie du Mali (EDM-SA) pour alimenter les différentes centrales électriques du pays », a précisé M. Barke, cité dans le communiqué. Grevée par une dette de plus de 200 milliards de FCFA (environ 300 millions d’euros), la société d’énergie nationale du Mali n’arrive plus à assurer la couverture en électricité de la capitale et d’autres localités du pays.

La dégradation de la fourniture d’électricité suscite une large exaspération parmi près de 11 millions de Maliens qui ont accès à l’électricité, soit la moitié de la population de ce pays dirigé par un régime militaire depuis un coup d’Etat en 2020 et dont une grande partie du territoire est gangrénée par l’expansion des groupes armés, notamment jihadistes.

En février, le Niger avait annoncé la signature d’un protocole d’accord sur la fourniture de gasoil au Burkina Faso, au Mali et au Tchad, des pays classés parmi les plus pauvres au monde et gouvernés par des régimes militaires. Les trois premiers pays se sont réunis au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), et ont annoncé en février leur retrait de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

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Source : https://www.voaafrique.com/a/le-niger-va-livrer-du-gasoil-au-mali-pour-am%C3%A9liorer-la-fourniture-d-%C3%A9lectricit%C3%A9/7572806.html

Crise énergétique et perspective du nucléaire : L’Union africaine conseille aux États du continent d’aller par groupes, pour plus d’efficacité

L’une des priorités de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, c’est l’accès à l’électricité pour tous (plus de 80 % de la population mondiale n’ayant pas accès à l’électricité vit en Afrique subsaharienne, selon le rapport 2021 de l’Agence Ecofin). Ce d’autant que le lien entre la disponibilité de l’énergie, le développement des États et l’amélioration des conditions de vie des populations est vite établi. Pour faire face à ce défi crucial en Afrique, corsé par le changement climatique, l’institution continentale, par le biais de sa commission spécialisée, recommande le nucléaire comme source d’énergie. Le Burkina a, lui, fait l’option de cette infrastructure technologique, aux côtés d’une dizaine d’autres sur le continent. Rencontré au symposium international 2024 sur le nucléaire, en Russie, le secrétaire exécutif de la Commission africaine sur l’énergie nucléaire (AFCONE), Enobot Agboraw, décline la vision de l’Union africaine sur l’énergie nucléaire, cette source d’énergie vers laquelle, plusieurs pays africains semblent désormais jeter leur dévolu.

Lefaso.net : Pouvez-vous situer l’enjeu de la question, l’énergie nucléaire, pour les États africains ?

Enobot Agboraw : Je crois que la meilleure stratégie pour les pays africains, c’est de ne pas essayer de développer cette technologie pays par pays. Il y a beaucoup de risques, risques politiques, etc. Pour pouvoir avoir très vite l’énergie que nous n’avons pas, nous devons travailler ensemble, par groupes de pays ; développer une approche que j’appelle approche multilatérale. Au lieu que le Burkina Faso essaie, à lui seul, de développer cette technologie, il peut le faire ensemble avec des pays voisins (vous avez entendu, la mise en place d’une telle infrastructure prend environ 20 ans). Et même là, c’est quand vous faites chaque chose correctement et dans le temps. C’est dire qu’en réalité, la construction d’une centrale nucléaire peut prendre 25 à 30 ans. Or, si le travail se fait par groupes de pays (les gens travaillent entre pays voisins ; six, cinq pays ensemble), ça va aller vite et cela donne confiance à la communauté internationale de mettre la main à la patte.

Quel peut être alors, de façon concrète, le rôle de l’Union africaine, à travers AFCONE, dans cette nouvelle politique de l’énergie nucléaire qui est en train de s’installer en Afrique ?

Notre structure a pour rôle essentiel de conseiller les pays africains sur les aspects concernant le nucléaire, afin qu’ils s’engagent avec les partenaires en connaissance de cause. Nous avons des experts, de l’expérience, nous pouvons donc aider dans cette technologie. C’est donc important qu’avant de s’engager avec l’extérieur, nous discutions d’abord en Afrique. C’est pourquoi, nous sommes-là ; AFCONE est créée pour servir les pays africains dans tous les aspects de la technologie nucléaire.

Un cadre qui a mobilisé des milliers de spécialistes des segments de l’énergie, venus de toutes les contrées du monde.

A ce jour, quels sont les pays africains qui ont affiché leur intention d’aller au nucléaire ?

Il y a plusieurs pays : le Ghana, Nigeria, Rwanda, Zambie, l’Égypte, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, Tanzanie, Kenya, Ouganda, etc. Il y a environ treize pays qui travaillent avec l’agence internationale d’énergie atomique pour développer les exigences d’infrastructures et après, pour commencer la construction. Mais, pour accélérer une telle initiative, c’est mieux de travailler ensemble, au lieu d’aller pays par pays.

En clair, votre effort aujourd’hui, c’est d’essayer de convaincre tous ces pays de se mettre par groupes ?

Effectivement, c’est ce que nous faisons. C’est nécessaire, car c’est ce qui est efficace.

Le Burkina a affiché, en octobre 2023, sa volonté d’aller à cette infrastructure technologique. Avez-vous été saisi de la question ou vous en êtes-vous auto-saisi ?
J’ai parlé à des experts et officiels du Burkina Faso, mais nous n’avons pas encore trouvé véritablement un cadre pour discuter sérieusement de la question. Je crois que ce serait important, si nous pouvons discuter avec le Burkina Faso et avec Rosatom, le client du Burkina, pour s’assurer que de meilleures conditions existent.

Vous êtes donc disposés à discuter avec les autorités burkinabè pour faciliter la mise en place de ce projet ?

Oui, nous sommes disposés à le faire. C’est d’ailleurs le rôle de l’AFCONE (agence spécialisée de l’Union africaine), nous sommes-là pour cette mission.

Les participants…entre panels, rencontres d’affaires et présentation d’innovations technologiques …

On a l’impression que l’Afrique, c’est la ruée vers les tendances ; il y a peu de temps, c’est le solaire qui était vanté et aujourd’hui, le nucléaire. Comment comprendre ce mouvement ?

Le solaire est important, c’est une ressource que nous avons en grande quantité en Afrique. Mais, le solaire dépend du climat. Ensuite, la technologie, la batterie pour conserver l’énergie n’est pas assez développée. Alors, quand il n’y a pas de soleil, il faut utiliser une autre source d’énergie : le nucléaire, l’hydro-électrique, le combustible fossile, etc. On peut donc utiliser le solaire, mais c’est important que nous ayons une autre source comme base. C’est en cela que je pense que le nucléaire est le meilleur. On peut faire des démonstrations, on a des arguments pour montrer que le nucléaire, c’est le meilleur.

Quel message aux États africains sur ce sujet ?

J’espère vraiment que dans quelques années, cette pauvreté en énergie en Afrique soit un passé.

Lire aussi : Nucléaire : « Les centrales sont construites en fonction des spécificités. Pour les pays du Sahel, ce sont des centrales modulaires » (responsables de Rosatom)

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
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Alliance de États du Sahel (AES) : Une ambiguïté entre les entités Sahel et Liptako-Gourma

Pour François Oubida, ancien diplomate, en adoptant une charte du Liptako-Gourma pour instituer une Alliance des États du Sahel (AES), nos gouvernements ont fait un peu dans la précipitation et le sensationnel. Et ils ont créé une certaine ambiguïté entre les entités que sont le Sahel et le Liptako-Gourma. Analyse.

Le 16 septembre 2023, les Chefs d’Etat du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger ont institué l’Alliance des Etats du Sahel à travers un document dit Charte du Liptako Gourma.

Au terme de son article 2, l’objectif de la Charte ‘’est d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle aux Parties contractantes’’. L’article 3 dispose que les ‘’Parties contractantes mettront en place ultérieurement les organes nécessaires au fonctionnement et mécanismes subséquents de l’Alliance et définiront les modalités de son fonctionnement.
L’enjeu majeur est donc la sécurité commune et la nécessité d’une architecture adéquate.

Un rapide ‘’flashback’’ montre que la problématique du Liptako Gourma, socle sur lequel l’Alliance a été instituée, a connu trois évolutions significatives dans son histoire :
-  Initialement, elle a été mise en exergue par une mission pluridisciplinaire CEA/PNUD organisée en 1969/1970, qui ayant mesuré l’importance du potentiel en ressources minières, énergétiques, hydrauliques, agropastorales et piscicoles que regorge ladite Région, a recommandé aux trois Etats de se regrouper dans un organisme permanent pour l’exploitation en commun des énormes ressources. Cette recommandation a abouti à la signature à Ouagadougou le 03 décembre 1970, d’un protocole d’accord portant création de l’Autorité de développement Intégré de la Région du Liptako-Gourma (ALG).
-  En raison de son importance stratégique pour ses Etats membres et de ses acquis, les Chefs d’Etat de l’ALG ont décidé lors d’un sommet extraordinaire tenu à Niamey le 24 novembre 2011, de sa transformation en un espace économique intégré couvrant l’ensemble des territoires des trois (3) Etats membres, soit une superficie de 2 781 200 km².
Cette mutation s’est matérialisée par l’adoption d’un Traité révisé qui est entré en vigueur le 12 février 2018 et la modification du nom de la structure, appelée désormais ‘’Autorité de Développement Intégré des États du Liptako Gourma’’, quand bien-même le sigle ALG a été conservé.
-  Depuis 2012 la situation sécuritaire dans les pays de l’ALG s’est progressivement dégradée au fil des années au point d’être considérée désormais comme l’épicentre de la crise sécuritaire dans le Sahel. Par voie de conséquence, la Conférence des Chefs d’Etat réunie en Session Extraordinaire le 24 janvier 2017 à Niamey a décidé d’inscrire désormais les actions de l’ALG dans le continuum ‘’Sécurité et Développement’’.

A la date du 16 septembre 2023, l’ALG intervenait dans les domaines suivants :
1. Agriculture, ressources animales et halieutiques
2. Environnement et résilience climatique
3. Hydraulique et énergie
4. Infrastructures et télécommunications
5. Industries et mines
6. Développement social
7. Coopération transfrontalière
8. Sécurité

A partir de ce petit rappel historique, il peut être constaté que l’ALG couvre aussi bien les secteurs du développement que de la sécurité. Elle prend aussi en compte l’intégralité des territoires couverts par les trois pays. Pourquoi donc créer une nouvelle structure ? Que faire de celle existante ? Ma lecture est la suivante.

En adoptant une charte du Liptako-Gourma pour instituer une Alliance des Etats du Sahel, il me semble que nos gouvernements ont fait un peu dans la précipitation et le sensationnel. Ils ont créé une certaine ambiguïté entre les entités que sont sahel et le Liptako-Gourma. En effet, l’intitulé de la Charte suggère que l’AES est une sous-structure de l’ALG. Pourtant, dans son esprit, l’AES rend obsolète l’ALG sans toutefois apporter quoique ce soit de nouveau. Il y a donc un problème à ce niveau. Dans l’une ou l’autre situation, il se pose aussi la question de savoir qu’elle considération il faut donner au Traité révisé de l’ALG, entré en vigueur le 12 février 2018. La Charte reste muette sur la question. Elle mentionne tout simplement, dans son préambule, sa ‘’fidélité aux idéaux de l’ALG’’.

Je ne perds pas de vue l’environnement dans lequel l’AES a été créée. Il fallait réagir en urgence et avec vigueur face aux menaces d’agression contre le Niger, brandies par la CEDEAO et ses partenaires en matière de belligérance. Mais le sahel est un espace beaucoup plus vaste que le Liptako-Gourma. En adoptant l’appellation AES, le souci était certainement de rallier d’autres Etats sahéliens à la cause de l’AES si le Niger venait à être effectivement attaqué. Du reste, la position algérienne sur la question semble confirmer cette perception.
Si telle était l’intention, il va sans dire qu’elle a porté fruit. En effet, à l’heure actuelle, la CEDEAO a posé des actes qui montrent qu’elle privilégie la voie diplomatique. Cela veut dire que l’invasion du Niger ne constitue plus une option majeure pour elle. Dans ces conditions, il me semble que l’AES, telle que conçue, est devenue un casse-tête. Qu’est-ce qu’il faut en faire ?

Le constat n’est-il pas que sept (07) mois après sa création, nos gouvernants n’ont toujours pas mis en place les organes annoncés dans l’article 3 de la Charte encore moins défini les modalités de son fonctionnement ? Sur le plan du droit, en dehors des dénonciations du Traité de la CEDEAO matérialisées en janvier 2024 par des notes verbales, il n’y a pas une rupture formelle dans la mesure où la Charte de l’AES vise expressément cette organisation régionale dans son préambule.

Il y a également une certaine indécision sur le modèle politique qui doit accompagner l’AES. L’idée de départ portée par le Premier Ministre du Burkina Faso mettait en avant ‘’une fédération souple, qui peut aller en se renforçant et en respectant les aspirations des uns et des autres’’. Cependant, force est de constater que cette approche qui visait à fédérer les trois pays que sont le Burkina Faso, la République du Mali et la République de Guinée a d’abord été refroidie du fait de la défection de cette dernière, avant de se muer en projet de confédération avec l’arrivée du Niger.

Si la volonté est de mutualiser de manière efficace les forces pour bouter le terrorisme hors de notre espace commune et promouvoir son développement intégré, la forme confédérale ne sera d’aucun secours dans la mesure où l’individualisme finira par prévaloir comme cela est le cas à l’Union Africaine ou à l’Organisation des Nations Unies, pour ne citer que ces deux organisations.
Au regard de ce qui précède, l’AES parait plutôt un imbroglio qu’un acquis. Elle pose plus de problèmes qu’elle n’en résout fondamentalement. Que fait-on de l’ALG ? Quel contenu politique doit-il soutenir l’AES ? Doit-on réellement partir de la CEDEAO ? L’heure semble donc être beaucoup plus à la réflexion pour l’avenir.

De mon point de vue, si les trois transitions ambitionnent réellement ‘’de poursuivre les luttes héroïques menées par les peuples et les pays africains pour l’indépendance politique, la dignité humaine et l’émancipation économique’’, elles devraient avec détermination aller vers la forme fédérale pour consacrer le caractère prioritaire que revêt la notion de développement intégré. Dans cet esprit, établir la capitale fédérale dans le Liptako-Gourma constitue une décision hautement stratégique qui permettrait de lever rapidement et durablement les contraintes majeures de la région, à savoir l’isolement, l’enclavement, l’abandon et l’insécurité. Il faut garder présent à l’esprit que c’est la viabilité de ce projet qui déterminera sa pérennisation.

En résume, je liste ci-dessous, les idées sur lesquelles je pense que chacun de nous pourra méditer et approfondir dans l’optique de renforcer le processus dans lequel s’est engagé nos trois pays.
-  L’appellation AES devrait être abandonnée au profit de celle de Liptako-Gourma qui semble porter le ciment réel pour une unité entre les peuples de la région ;
-  Il faut opter résolument pour la fédération ;
-  La capitale fédérale (AES-Liptako Gourma) devrait être implantée dans la zone des trois frontières pour briser définitivement toute velléité terroriste future dans cette partie de nos trois Etats ;
-  L’ALG’’ devrait être réformée pour devenir une des structures fédérales ;
-  Il convient d’imaginer un système de gouvernement facilitant l’adhésion de tous les peuples et pays concernés ;

Au demeurant, une structure tripartite de haut niveau devrait être mise en place en vue de proposer les organes et le mode de fonctionnement prévus par la Charte. En cela, le Traité d’Amitié et de Coopération Burkina Faso-République de Côte d’Ivoire (TAC) constitue un modèle utile pour ce qui concerne le mode de fonctionnement.

En tout état de cause, l’initiative de nos trois transitions se doit à terme, d’inspirer non seulement la CEDEAO mais aussi de se positionner comme un exemple d’école dans les processus d’intégration. Pour le Burkina Faso en particulier, l’enjeu serait de démontrer sur le terrain pratique, que ‘’Le destin des nations se joue souvent dans des périodes charnières comme celui des hommes’’ et qu’ ‘’il y a des époques qu’il ne faut pas rater’’, comme l’avait déclaré Son Excellence Monsieur le Premier Ministre lors de sa visite à Bamako le 31 janvier 2023.

Francois OUBIDA

Compte rendu du Conseil des ministres du jeudi 11 avril 2024

Le Conseil des ministres s’est tenu à Ouagadougou, le jeudi 11 avril 2024, en séance ordinaire, de 09 H 00 mn à 12 H 24 mn, sous la présidence de Son Excellence le Capitaine Ibrahim TRAORE, Président de la Transition, Président du Conseil des ministres. Il a délibéré sur les dossiers inscrits à son ordre du jour, entendu des communications orales, procédé à des nominations et autorisé des missions à l’étranger.

I. DELIBERATIONS

I.1. AU TITRE DU MINISTERE DE LA DEFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS

Le Conseil a adopté un décret portant création d’un établissement pénitentiaire militaire à Ouagadougou.
Ce décret est une relecture du décret n°2009-631/PRES/PM/DEF du 13 août 2009 portant création d’un établissement pénitentiaire militaire à Ouagadougou.
Les capacités d’accueil de la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) n’ayant pas significativement évolué depuis sa création, il en est résulté pour l’administration pénitentiaire militaire d’énormes difficultés liées au manque d’infrastructures adaptées et à l’exiguïté des locaux dédiés à la détention des personnes incarcérées. Ces locaux ne permettent ainsi pas le respect des prescriptions des instances juridictionnelles visant à éviter les contacts entre certains détenus.

L’innovation majeure de ce décret porte sur la possibilité accordée au ministre chargé de la défense d’annexer, selon les besoins, d’autres locaux à la MACA, en dehors des installations actuelles.
L’adoption de ce décret permet à la Justice militaire, à travers le Tribunal militaire de se conformer aux standards des établissements pénitentiaires et aux nécessités prescrites par les différentes instances juridictionnelles.

I.2. AU TITRE DU MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET
DE LA PROSPECTIVE

Le Conseil a adopté deux (02) rapports.
Le premier rapport est relatif à un projet de loi portant autorisation de ratification de l’accord de crédit n°7462-BF signé le 14 février 2024 à
Ouagadougou entre le Burkina Faso et l’Association internationale de développement (IDA) pour le financement du Projet d’accélération de la transformation digitale du Burkina Faso (PACTDIGITAL).

L’objectif du PACTDIGITAL est d’améliorer la disponibilité, l’accessibilité et l’appropriation des services numériques au Burkina Faso.
Le montant du crédit accordé par l’Association internationale de développement pour la mise en œuvre de ce projet s’élève à 150 millions USD, soit quatrevingt-douze milliards sept cent cinquante-deux millions trois cent dix-neuf mille huit cents (92 752 319 800) F CFA.

Les principaux bénéficiaires directs du Projet d’accélération de la transformation digitale du Burkina Faso sont les femmes, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes déplacées, les communautés d’accueil et les employés publics (fonctionnaires, enseignants et formateurs), les entreprises privées, les instituts de formation formels et informels, les incubateurs locaux et les associations.
Le Conseil a marqué son accord pour la transmission dudit projet de loi à l’Assemblée législative de Transition.

Le second rapport est relatif à la situation d’exécution du budget et de la trésorerie de l’Etat, exercice 2023, au 31 décembre.
Le budget de l’Etat, exercice 2023, a été exécuté à hauteur de 2 756,84 milliards F CFA en recettes et de 3 441,20 milliards F CFA en dépenses pour des prévisions ajustées respectives de 2 782,86 milliards F CFA et de 3 426,14 milliards F CFA.

Ces niveaux d’exécution correspondent à des taux d’exécution globaux respectifs de 99,06% et de 100,44% contre 108,76% et de 100,81% à la même période en 2022.
Une analyse des principaux soldes à l’issue des opérations de clôture budgétaire permet d’apprécier la performance de la mise en œuvre des mesures prises en matière de gouvernance budgétaire et économique.

Au niveau de la gestion de la trésorerie, au total 3 709,98 milliards F CFA ont été encaissés sur des comptes de disponibilités des comptables directs du Trésor contre 3 476,92 milliards F CFA au 31 décembre 2023, soit un taux de progression annuel de 6,70%.

A fin décembre 2023, le montant total des décaissements effectués par le Trésor public se chiffre à 3 751,46 milliards F CFA. A la même période en 2022, les décaissements se situaient à 3 552,04 milliards F CFA, soit un taux de progression de 5,61% en glissement annuel.
Le Conseil a marqué son accord pour la transmission de ce rapport à l’Assemblée législative de Transition.

I.3. AU TITRE DU MINISTERE DE LA JUSTICE ET DES DROITS HUMAINS, CHARGE DES RELATIONS AVEC LES INSTITUTIONS

Le Conseil a adopté un décret portant nomination d’un Greffier en chef, Chef de greffe.
L’adoption de ce décret permet la nomination de Monsieur Soumaïla ZANGO, Mle 259 395 K, catégorie A, échelle G, 1ère classe, 5ème échelon, Greffier en chef, Chef de greffe du Tribunal de grande instance de Kongoussi, cumulativement Greffier en chef, Chef de greffe du Tribunal administratif de Kongoussi.

II. COMMUNICATIONS ORALES

II.1. Le ministre d’Etat, ministre de la Communication, de la culture, des arts et du tourisme a fait au Conseil deux (02) communications.
La première communication est relative à la tenue de la 14ème édition du Symposium international de sculpture sur granite de Laongo dans la commune de Ziniaré, région du Plateau-Central, prévue du 03 au 24 octobre 2024.

Ce symposium offre l’opportunité aux acteurs des arts plastiques de partager leurs expériences et leurs connaissances sur la sculpture sur granite.
L’édition 2024 du Symposium international de sculpture sur granite de Laongo entend refléter la pluralité des expressions artistiques, matérialisant ainsi l’amitié entre notre pays et les différents pays participants.
La seconde communication est relative à la relance de l’organisation de la « Nuit des LOMPOLO » dont la 4ème édition est prévue le 15 novembre 2024 à Ouagadougou.

La « Nuit des LOMPOLO » vise à promouvoir les acteurs des arts dramatiques et redynamiser le jeu d’acteur.
La relance de la « Nuit des LOMPOLO » qui intervient après huit (08) ans de léthargie est une reconnaissance de l’Etat aux efforts consentis par les acteurs d’un pan important de la culture. Elle est également une réponse au cri de cœur des organisations professionnelles d’arts dramatiques.

II.2. Le ministre de l’Economie, des finances et de la prospective a fait au Conseil une communication relative à la participation du Burkina Faso aux 49èmes Assemblées annuelles du groupe de la Banque islamique de développement (BID) à Riyadh au Royaume d’Arabie Saoudite du 27 au 30 avril 2024.

Ces 49èmes Assemblées annuelles se tiennent sous le thème : « Célébrer le passé, préparer l’avenir : Originalité-Solidarité-Prospérité ». Au cours de ces assemblées annuelles, il est prévu la tenue de la table ronde des Gouverneurs et des panels sur des thématiques telles que la promotion de la coopération sud-sud, l’accélération du financement du climat et des Objectifs du développement durable (ODD) ainsi que le renforcement des relations économiques entre les pays membres de la BID.

En marge de ces Assemblées annuelles, le ministre de l’Economie, des finances et de la prospective aura des audiences avec le Président du Groupe de la BID et d’autres partenaires arabes en vue d’échanger sur l’état de notre coopération et de discuter des opportunités de mobilisation de financement au profit du Burkina Faso.

II.3. Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a fait au Conseil le compte rendu de la participation de notre pays à un dialogue politique de haut niveau sur la certification des semences exemptes de maladies, organisé les 7 et 8 mars 2024 à Abidjan, en République de Côte d’Ivoire.

La rencontre a réuni treize (13) institutions nationales de recherche agricole de dix (10) pays qui collaborent activement pour soutenir le développement de systèmes d’alerte précoce et la préparation à la riposte contre les phytopathogènes transfrontaliers. Les travaux étaient placés sous le thème : « Anticiper et gérer les risques biologiques pour renforcer la résilience des agriculteurs au changement climatique en Afrique de l’Ouest et du Centre ».

Le dialogue politique de haut niveau a notamment invité les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre à :
-  élaborer conjointement un protocole harmonisé de certification de semences spécialement du manioc à utiliser dans les dix (10) pays du Centre régional d’excellence pour les phytopathogènes transfrontaliers ;
-  accentuer les mesures de veille à l’intérieur et aux frontières de chaque pays ;
-  renforcer les outils de diagnostic pour faciliter une rapide détection des maladies des plantes.

II.4. Le ministre des Sports, de la jeunesse et de l’emploi a fait au Conseil le compte rendu de la participation du Burkina Faso aux 13ème jeux africains, Accra 2023 organisés du 08 au 23 mars 2024 au Ghana.
Notre pays était engagé dans quinze (15) disciplines sportives notamment en athlétisme, en lutte olympique, en taekwondo et en basketball.

La délégation du Burkina Faso aux 13ème jeux africains a obtenu au total 10 médailles dont une (01) médaille d’or, 02 médailles d’argent et 07 médailles de bronze. Avec ces 10 médailles, notre pays est classé 25ème sur les cinquantequatre nations (54) participantes.

Le Conseil adresse ses félicitations aux athlètes et à leurs encadreurs techniques pour les résultats engrangés et les encourage à plus d’engagement et de persévérance pour de meilleurs résultats.

III. NOMINATIONS

III.1. NOMINATIONS DANS LES FONCTIONS INDIVIDUELLES
A. AU TITRE DE LA PRESIDENCE DU FASO

-  Monsieur Sibiri HEBIE, Mle 51 176 H, Inspecteur des impôts, 1ère classe,
7ème échelon, est nommé Secrétaire technique de l’Autorité nationale de coordination du foncier (ANCF) ;
-  Madame Clémence ZOUNDI, Mle 23 001 (APEC), Juriste, catégorie 1,
1er échelon, est nommée Directrice de la promotion de l’entrepreneuriat communautaire (DPEC).

B. AU TITRE DU MINISTERE DE LA DEFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS

- Monsieur Kassem Salam SOURWEMA, Mle 02 31 940 A, Enseignantchercheur, est nommé Directeur de la formation du Centre national d’études stratégiques (CNES).

C. AU TITRE DU MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES, DE LA COOPERATION REGIONALE ET DES BURKINABE DE L’EXTERIEUR

- Monsieur Boukaré ZOUNGRANA, Officier, est nommé Ambassadeur
Extraordinaire et Plénipotentiaire près la République du Tchad
(N’Djamena) ;

D. AU TITRE DU MINISTERE DE LA FONCTION PUBLIQUE, DU TRAVAIL ET DE LA PROTECTION SOCIALE

- Monsieur Madi ZANGO, Mle 202 764 R, Conseiller en gestion des
ressources humaines et management des administrations, 1ère classe, 3ème échelon, est nommé Directeur régional de la fonction publique du Centre-Nord.

E. AU TITRE DU MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DE LA PROSPECTIVE

-  Monsieur Karim TRAORE, Mle 32 073 L, Inspecteur du trésor,
1ère classe, 9ème échelon, est nommé Comptable principal en deniers et en valeurs de l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS) ;
-  Monsieur Arsène TOUGMA, Mle 111 101 N, Inspecteur du trésor,
1ère classe, 10ème échelon, est nommé Comptable principal en deniers et en valeurs du Centre de promotion de l’aviculture (CPAVI) ;
-  Monsieur Laopé Ahmed ZERBO, Mle 272 929 W, Inspecteur du trésor, 1ère classe, 4ème échelon, est nommé Fondé de pouvoirs du trésorier régional du Centre-Sud ;
-  Monsieur Flagoulé Hervé DRABO, Mle 257 115 T, Inspecteur du trésor, 1ère classe, 5ème échelon, est nommé Trésorier provincial du Tuy.

F. AU TITRE DU MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DES RESSOURCES ANIMALES ET HALIEUTIQUES

- Monsieur Koumbou DIBLONI, Mle 47 927 A, Conseiller d’administration scolaire et universitaire, 1ère classe, 9ème échelon, est nommé Inspecteur technique des services.

G. AU TITRE DU MINISTERE DE LA SOLIDARITE, DE L’ACTION HUMANITAIRE, DE LA RECONCILIATION NATIONALE, DU GENRE ET DE LA FAMILLE

-  Monsieur Sidiki OUEDRAOGO, Mle 53 481 P, Inspecteur d’éducation spécialisée, 1ère classe, 9ème échelon, est nommé Directeur général de la famille et de l’enfant ;
-  Monsieur Naziko BOTONI, Mle 51 678 N, Inspecteur d’éducation spécialisée, 1ère classe, 7ème échelon, est nommé Directeur de la lutte contre les violences faites aux enfants et de la protection des enfants en situation d’urgence ;

-  Monsieur Drissa TOU, Mle 82 022 L, Administrateur des affaires sociales, 1ère classe, 9ème échelon, est nommé Directeur régional de la Solidarité, de l’action humanitaire, de la réconciliation nationale, du genre et de la famille du Centre ;
-  Monsieur Yazouma Alexis DOH, Mle 51 710 J, Inspecteur d’éducation de jeunes enfants, 1ère classe, 8ème échelon, est nommé Directeur provincial de la Solidarité, de l’action humanitaire, de la réconciliation nationale, du genre et de la famille du Houet ;

-  Monsieur Ignace SAVADOGO, Mle 57 239 E, Administrateur des affaires sociales, 1ère classe, 6ème échelon, est nommé Directeur provincial de la Solidarité, de l’action humanitaire, de la réconciliation nationale, du genre et de la famille du Kadiogo ;
-  Monsieur Brama TRAORE, Mle 208 478 A, Administrateur des affaires sociales, 1ère classe, 5ème échelon, est nommé Directeur provincial de la
Solidarité, de l’action humanitaire, de la réconciliation nationale, du genre et de la famille du Tuy.

H. AU TITRE DU MINISTERE DE L’ENERGIE, DES MINES ET DES CARRIERES

- Monsieur Hermann ILBOUDO, Mle 245 778 L, Maître de Conférences en géologie appliquée et mine, catégorie P2, grade 1, 2ème échelon, est nommé Directeur général du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB).

III.2. NOMINATIONS DANS LES CONSEILS D’ADMINISTRATION

Le Conseil a procédé à la nomination d’Administrateurs aux Conseils d’administration :
-  de l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF) au titre du ministère de l’Economie, des finances et de la prospective ;
-  du Fonds Faso Kuna-Wili (FKW) au titre du ministère des Sports, de la jeunesse et de l’emploi.
Le Conseil a également procédé à la nomination d’un Membre au Conseil de surveillance de la Caisse des dépôts et d’investissements du Burkina Faso (CDI-BF) au titre du ministère de l’Economie, des finances et de la prospective.  

A. MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DE LA PROSPECTIVE

Le Conseil a adopté deux (02) décrets.
Le premier décret porte nomination de Madame Ida OUEDRAOGO/PARE,
Mle 91 270 M, Inspecteur du trésor, Membre représentant l’Etat, au titre de la Primature au Conseil de surveillance de la Caisse des dépôts et d’investissements du Burkina Faso (CDI-BF) pour un premier mandat de trois (03) ans.
Le second décret porte nomination des personnes ci-après, Administrateurs au
Conseil d’administration de l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF) pour un premier mandat de trois (03) ans.

ADMINISTRATEUR REPRESENTANT L’ETAT

Au titre du ministère des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur :
- Monsieur Jean BENGALY, Mle 59 725 L, Conseiller des affaires étrangères.

ADMINISTRATEUR REPRESENTANT LE PERSONNEL DE L’ENAREF

- Monsieur Yoropo Abdoul DEMBELE, Mle 23 02 362 Y, Economiste, Enseignant-formateur permanent.

ADMINISTRATEUR REPRESENTANT LES ELEVES DE L’ENAREF

- Monsieur Boudounoma Jacques OUEDRAOGO, Mle 219 284 A, contrôleur des services financiers, pour la durée de son mandat de Délégué général.

B. MINISTERE DES SPORTS, DE LA JEUNESSE ET DE L’EMPLOI

Le Conseil a adopté un décret portant nomination de Madame Aminata KABORE/KAFANDO, Mle 87 321 D, Conseiller d’élevage, Administrateur représentant l’Etat, au titre du ministère de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques au Conseil d’administration du Fonds Faso Kuna-Wili (FKW) pour un premier mandat de trois (03) ans.

Le Porte-parole du Gouvernement

Rimtalba Jean Emmanuel OUEDRAOGO
Chevalier de l’Ordre du mérite, des arts,
des lettres et de la communication

Burkina-Russie : « Ces deux derniers mois, nous sommes allés du simple au quadruple en matière de coopération militaire », ambassadeur Ludovic Tapsoba

Nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso auprès de la Fédération de Russie (le 6 décembre 2023), Aristide Rapougdoudba Ludovic Tapsoba a aussitôt pris fonction dans ce contexte de redynamisation de la coopération entre Moscou et Ouagadougou. C’est d’ailleurs, et visiblement, conscient des enjeux de cette réactivation que le diplomate burkinabè au pays de Vladimir Poutine multiplie les actions et sorties sur le territoire de sa juridiction. Nous l’avons rencontré dans la ville de Sochi (située à 1 630 km de Moscou) en compagnie du ministre en charge de l’énergie et sa délégation, au Forum international sur l’énergie nucléaire (25-26 mars 2024), au cours duquel le gouvernement burkinabè a signé une feuille de route avec la société Rosatom pour la construction d’une centrale nucléaire au Burkina. Avec Ludovic Tapsoba, qui se qualifie lui-même de “wayiyan”, il a été question également des contours de la reprise de la coopération et de la vie de la diaspora burkinabè en Russie.

Lefaso.net : Vous êtes entré en fonction il y a environ deux mois ; quelles sont les actions prioritaires identifiées en cette relance des relations actives, et dans un contexte où « tout est urgent » ?

Ludovic Tapsoba : Absolument, tout est urgent. Avant la prise de service, il fallait présenter les copies au ministère des Affaires étrangères, et curieusement en moins de deux semaines, le ministère russe nous a permis de présenter nos copies figurées ; chose qui, souvent, dure pratiquement quelques mois. À partir de là, nous avons mis en œuvre effectivement un plan.

C’est un plan de mise en œuvre de nos activités durant cette année. En priorité, nous avons voulu que les hommes d’affaires burkinabè puissent venir connaître la Russie et pour ce faire, nous organiserons au mois de juillet (2024), un forum économique Burkina-Russie qui réunira les hommes d’affaires burkinabè et les hommes d’affaires russes, pour présenter les potentialités du Burkina Faso, afin que nous puissions signer quelques accords.

Ça, c’est la première action et ce plan est déjà en cours de mise en œuvre. J’ai aussi pu rencontrer les ressortissants burkinabè à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Nous comptons renforcer également, au cours des mois à venir, notre partenariat avec les pays africains en matière de diplomatie, notamment l’ambassadeur du Mali que j’ai pu rencontrer ; nous avons eu des séances de travail et nous allons justement dérouler cette coopération en étroite collaboration. Ce sont là quelques pistes d’actions que nous comptons bientôt finaliser.

Parlant de la rencontre avec des Burkinabè de la diaspora russe, quelles sont les principales préoccupations qu’ils vous ont soumises ?

Notre diaspora ici est composée de beaucoup d’étudiants, et la difficulté que nous rencontrons, c’est que les Burkinabè, une fois qu’ils ont la bourse russe, viennent directement en Russie sans passer par le ministère de l’Éducation (ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ndlr) pour finaliser leur complément de bourse. Ils sont là et on n’ont pratiquement pas la possibilité de remonter la filière. Ce n’est pas comme à notre temps où pratiquement c’est l’ambassade qui gérait les bourses des étudiants.

Ici, le ministre en charge de l’énergie, Yacouba Zabré Gouba (2ème à partir de la gauche), avec l’ambassadeur Ludovic Tapsoba à sa gauche, à un des panels du Forum international Atomexp-2024, au Parc national de Sotchi.

Une recommandation, donc ?

Comme recommandation, il va falloir que le ministère de l’Éducation (ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ndlr) puisse se mettre en contact avec l’ambassade, afin que nous puissions gérer directement les bourses à partir d’ici. Cela, pour éviter justement cette cacophonie et pour que ces étudiants puissent mener vraiment à bien leurs activités, dans la quiétude.

Peut-on avoir une idée du contingent d’étudiants burkinabè actuellement en Russie ?

Nous sommes autour d’une centaine d’étudiants civils. Le nombre d’étudiants militaires, ça, je ne dirai pas ici, mais c’est important. Mais, c’est une reprise ; parce qu’il y a de cela 30 ans, on était à près de 400 étudiants. Je pense que dans les années à venir, nous allons essayer de dépasser le nombre d’avant ; parce que, comme vous le savez, avec le nucléaire civil, il nous faudra former des cadres pour justement gérer cette infrastructure.

Nous n’avons pas beaucoup de spécialistes en la matière. Nous venons d’avoir l’autorisation avec Rosatom pour mener des négociations avec le ministère des Affaires étrangères, afin d’avoir un quota acceptable d’étudiants dans tous les segments du nucléaire civil. Déjà en octobre (2024), c’est possible que nous recevions un grand contingent d’étudiants dans ce cadre.

Parlant de domaines de coopération avec la Russie, peut-on avoir quelques détails ?

La première coopération, c’est comme vous le savez, elle remonte à depuis 1967. Elle est militaire ; nous avons une coopération militaire avec la Russie. Cette coopération va de jour à jour en s’amplifiant. Je ne donnerai pas de détails, mais je puis vous dire que depuis ces deux derniers mois, nous sommes allés du simple au quadruple en matière de coopération militaire.

Sur le plan économique, vous savez que le Burkina Faso est un pays producteur de lithium. La Russie, elle, ne produit pas le lithium ; elle est en train de prospecter partout en Afrique de l’Ouest, comment avoir du lithium pour développer les énergies renouvelables, notamment la réalisation de piles et, pourquoi pas, de véhicules électriques. Et lors de ce forum, nous avons profité de l’occasion pour leur dire que nous pouvons leur offrir cette opportunité. Mais, il ne s’agira plus de venir exploiter le lithium, l’exporter en Russie pour fabriquer les piles, les véhicules. Si vous voulez venir au Burkina, vous allez devoir transformer ce lithium en batteries et en voitures électriques, d’abord pour le Burkina et si vous voulez, vous allez exporter les véhicules électriques vers la Russie. Et ça, je pense que c’est de bon ton ; nous ne pouvons plus continuer à exporter nos matières premières uniquement, sans plus-value.

Également, nous avons un flux d’hommes d’affaires qui arrivent pratiquement chaque jour ici en Russie et dans plusieurs domaines (que je ne peux pas dire ici, comme ce sont des domaines concurrentiels). Les grands opérateurs économiques sont là, et ils signent même des accords. Sur le plan des études, nous avons également, de plus en plus, des étudiants qui arrivent avec leurs propres moyens pour s’inscrire ici, dans des domaines divers. Donc, l’axe Russie-Burkina se porte, je dirais, extrêmement bien.

Parlant de mouvements vers la Russie, n’empêche que des citoyens burkinabè posent le problème de lourdeurs pour l’acquisition de visa et de bien d’autres conditions. Comment appréhendez-vous le sujet ?

C’est une préoccupation qui se pose absolument à notre niveau, puisque, comme vous le savez, au niveau du Burkina, le service consulaire n’est pas encore fonctionnel. Donc, il n’y a pratiquement pas la possibilité de confectionner des visas au Burkina ; ça se fait toujours en Côte d’Ivoire. Nous avons donc pris attache avec le ministère des Affaires étrangères, qui nous a rassurés que l’ambassadeur russe au Burkina a été déjà désigné et qu’il prendra incessamment service. Ce qui va nous permettre justement d’avoir un service consulaire au niveau de l’ambassade de Russie au Burkina et dans le long terme, nous allons réfléchir avec la partie russe sur comment éliminer le visa entre les deux pays, gage d’une meilleure coopération entre nos deux pays.

Actualité oblige…, on a assisté tout à l’heure à la signature d’une feuille de route entre le Burkina et Rosatom pour la construction d’une centrale nucléaire. En tant que représentant du Burkina ici en Russie, quelles sont les recommandations que vous avez à formuler sur le sujet et quel va être le suivi à votre niveau ?

En termes de recommandations, je dirais que nous n’avons plus droit à l’erreur. C’est une feuille de route qui nous permettra d’aboutir très prochainement à la signature de l’accord et, pourquoi pas, à la pose de la première pierre. Nous avons un défi énergétique, et le nucléaire nous offrira cette opportunité d’avoir l’indépendance énergétique, comme la Russie. Vous savez que dans les années 1800, la Russie avait pour priorité, dans son premier plan quinquennal, l’électrification du pays. Dans son deuxième plan quinquennal, c’était l’industrialisation. Donc, en dix ans, la Russie est allée de l’indépendance énergétique à l’industrialisation. Et si nous allons comme cela avec la réalisation de notre centrale nucléaire, je dirais qu’en cinq ans, nous pourrons être auto-suffisant sur le plan énergétique et, pourquoi pas, sur le plan alimentaire.

Des ressortissants burkinabè de la ville de Saint-Petersbourg, en février 2024, lors de la visite du ministre d’État, Bassolma Bazié (au premier plan, 5ème à partir de la droite) et l’ambassadeur Tapsoba à sa droite, vêtu de bleu rayé.

Comment se passe l’intégration des Burkinabè en Russie ; est-ce facile ?

Par rapport à une période reculée de dix à quinze ans, vous voyez que les étudiants arrivent à travailler, à s’auto-financer. Il y a même des étudiants qui ne sont pas boursiers, mais qui arrivent à travailler pour payer leurs études. Cela était pratiquement impossible, il y a une dizaine d’années. Donc, l’intégration se fait petit à petit, et souvent, il est très intéressant pour un Burkinabè de dire que “je suis Burkinabè en Russie”. Depuis le discours du chef de l’État (le séjour du président Ibrahim Traoré lors du sommet Russie-Afrique, ndlr), c’est devenu vraiment une histoire d’amour entre la Russie et le Burkina Faso, en matière d’intégration.

Pour terminer ?

Je vous remercie pour avoir fait le déplacement jusqu’en Russie, qui a permis de couvrir également cet évènement majeur pour le Burkina Faso (signature de la feuille de route, ndlr), pour le peuple burkinabè.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
Sochi, Russie
Lefaso.net

Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs : Le nouveau secrétaire permanent veut repositionner l’institution

(Ouagadougou, le samedi 05 avril 2024)
Monsieur l’ambassadeur Issa BORO, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, a procédé le vendredi 05 avril, à l’installation du nouveau secrétaire permanent du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP), Monsieur Brahima OUEDRAOGO nommé en conseil des ministres le 21 février 2024.

« Il s’agit d’une responsabilité majeure que j’accepte avec gravité et détermination », a lancé le nouveau secrétaire permanent du MAEP soutenant par ailleurs que « l’institution est appelée à une renaissance, en vue d’incarner les espoirs d’un Burkina Faso résilient, déterminé à faire siennes les valeurs de bonne gouvernance ».
Pour la relance du MAEP, le nouveau secrétaire permanent qui salue les premières autorités du ministère en charge des Affaires étrangères pour la confiance placée en lui, se fixe plusieurs objectifs parmi lesquels le repositionnement institutionnel de la structure, l’actualisation du rapport d’évaluation, la mise en place d’un mécanisme de suivi-évaluation des recommandations.

Pour sa part, monsieur l’ambassadeur Issa BORO secrétaire général a invité le nouveau promu, à travailler dans le sillage de son prédécesseur dans l’optique de faire du MAEP une structure porteuse d’espoir pour notre pays.
L’objectif principal étant de promouvoir les bonnes pratiques qui réduisent les risques d’instabilité politiques, et de créer les conditions de la bonne gouvernance.
Aujourd’hui le MAEP selon Monsieur Ninda Charles GUIGMA, secrétaire permanent qui aura assuré l’intérim de 2017 à 2024, l’institution a engrangé plusieurs acquis de sa naissance en 2003 à ce jour.

Au titre des acquis, l’on note la participation du Burkina Faso aux instances statutaires du MAEP de 2017 à 2021, la conception d’un recueil des bonnes pratiques de la gouvernance du Burkina Faso identifiées par l’évaluation africaine des pairs, des sessions de formation sur la gouvernance organisées à travers le pays.
Certes des acquis sont enregistrés mais des défis restent à relever selon monsieur Ninda Charles GUIGMA.

Il s’agira soutient-il, de poursuivre la consolidation des reformes institutionnelles, du renforcement des capacités opérationnelles des organes nationaux du MAEP, de l’élaboration d’une feuille de route assortie d’un schéma devant permettre à l’institution de jouer le rôle qui est le sien, dans la refondation de la gouvernance en cours et en cohérence avec les principes et règles qui fondent le processus.

DCRP/MAECR-BE

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